Trace (s) de Sabine Tamisier

Le 11 mars 2023 à 17h
Médiathèque de Berre-l'Etang
Le sujet
« Trace (s) » est le récit d’une femme, Diane. Il ne s’agit pas d’un roman, ni d’une nouvelle, ni d’un conte. Diane raconte sa vie. Le fil conducteur est le chemin, la pérégrination. « Quelque chose » de plus fort qui l’emmène vers le sud à la recherche de ses racines. Car Diane a le visage d’une méditerranéenne, « cheveux ténèbres et yeux de volcan ». « Macaroni, arabe, gitane » entend-t-elle à l’école. De son environnement familial jaillissent les mots « d’où elle vient ? », « de qui elle tient ? », « elle ne ressemble à personne » et du trouble qu’ils distillent dans la tête de cette petite fille qui a alors 5 ans. Le doute nourrit ses rêves. Elle imagine. Et si elle était la fille cachée du roi du Maroc ? Où la fille d’une princesse Andalouse ?
Après le décès de ses parents Diane se détache de sa terre natale pour s’installer dans le sud. Diane est institutrice, elle a trente ans. L’opportunité d’une mutation professionnelle la met en mouvement. Ce déplacement répond à une attirance inexpliquée pour le Grand Sud. Le début d’un voyage où tout sera signes, traces, empreintes pour régler le problème de l’appartenance et de l’identité. Elle part en quête d’une place, d’une ressemblance, d’un endroit où se poser.
Nous la suivons dans un temps fait d’ellipses, de flashbacks et de rêves. Elle refait le chemin, introspection de son passé. Cette traversée la met à l’épreuve. Elle y convoque sa famille, ses amis, un amour. Qu’y trouvera-t-elle ?
Un duo voix et musique
« Trace (s) » est un duo parole et musique. Le musicien accompagne de son instrument les plaintes, les élans, les murmures, la petite voix intérieure de la comédienne. C’est un véritable dialogue qui s’installe entre les deux interprètes et entre leurs instruments : la voix de l’un, la musique de l’autre. Ainsi est-on aussi dans le théâtre et pas seulement dans le récit, ainsi la distance nécessaire s’établit-elle pour faire entendre ce qui est au cœur d’un travail de reconstruction par la survie du souvenir. Le musicien et la comédienne formulent ces bribes de souvenirs chacun à leur manière ; parallèlement ou diamétralement opposée, leur interprétation complétant les sensations que le texte suggère.
Ce texte, intimiste, nous fait partager les éclats de vie de cette femme dans un voyage en construction, en reconstitution. Le spectateur en est le témoin. Il est invité à cette exploration « intime » et pudique. Il ne s’agit pas d’une confession. La comédienne interprétant Diane porte le récit à haute voix dans un aller retour entre le texte lu et le texte dit. Elle incarne le rôle de Diane et se laisse traverser par les mots. L’adresse est indirecte, mais elle existe. Parfois le personnage donne des indications à l’auditeur. C’est un partage volontaire, mais sans recherche de complicité avec celui qui écoute. Ce n’est pas une parole volée de la part du spectateur, elle est consentie par Diane. C’est une parole qui doit s’envoler, être dite, entendue. Elle est organisée, théâtralisée. Diane se raconte, se met en scène. Le public devient un miroir. C’est une mise en perspective de sa vie.
Cette lecture nécessite un rapport intimiste et de proximité avec les spectateurs. Sur scène la comédienne propose un parcours en forme de déambulation. Une quête faite de recherche, d’errance et de fuite. Le corps de la comédienne errant à la recherche de ses souvenirs ou fuyant devant toute réminiscence douloureuse.
Coproduction : Bois de l’Aune avec Marseille Provence 2013, capitale européenne de la culture.
Avec le soutien de : Bois de L’Aune, pôle artistique et culturel de la Communauté du Pays d’Aix, Ville d’Aix-en-Provence, Conseil Général 13.