La paire de chaussure. Contes de la rue de Broca

La paire de chaussures
Une histoire extraite de "La sorcière de la rue Mouffetard et autres contes de la rue Broca". Editions Folio Junior.
Dimitri et Lucie forment un couple, mais pas un couple comme les autres. Il s'agit là d'une paire de chaussures. Un beau jour une vendeuse les sort de leur boite afin de les essayer à une dame. C'est le début des mésaventures pour ces deux amoureux. Comment réussir à ne pas être séparé?
Le marchand de fessées
Une histoire, extraite des célèbres "Contes de la Folie Méricourt". Edition La Table Ronde.
Ce conte nous apprend que les fessées sont des êtres vivants. Saviez-vous que les fessées sont des créatures dont les ailes ressemblent fort à des mains et qu'elles sont vendues dans des magasins spécialisés? Nous voici dans un pays bizarre où les enfants ne font pas de bêtise au grand désespoir d'un marchand de fessées pour qui les affaires tournent mal, de ce fait. Complètement désespéré par tant d'enfants sages, le marchand fera tout pour pousser les enfants à faire des bêtises afin de rassasier ses petites protégées ...
Et comme toujours, avec ce fabuleux raconteur d'histoires qu'est Gripari, l'impertinence et l'ironie sont au rendez-vous!
La force d'une interprêtation théâtrale
Un petit bout de femme surgit du fond de scène. Pieds nus, d'une démarche assurée, le regard pétillant, elle déboule. Le visage dégagé, un nez de clown couleur chair, elle avertit le public "qu'un plaisir intense la pousse à nous raconter ce qui va suivre".
Le choix de faire porter ces récits par le personnage de Justine nous permet d'interprêter ces histoires, de leur donner du sensible et de l'universel.
Une liberté de ton est donnée. Justine s'approprie Gripari et c'est son point de vue sur ces contes qu'elle fera partager au spectateur.
Elle entre dans le récit et s'adresse parfois au public sous forme d'apartés pour livrer un sentiment. Par ses allers retours intérieur/extérieur du conte elle nous entraîne dans un rythme bousculé où elle vit à 100 à l'heure l'histoire de ses personnages.
Justine pose un vrai regard poétique, sensible sur ces histoires, celui d'une femme embarquée dans le récit, entre rêve et réalité. A travers ses bulles d'improvisation elle nous offre une mise à distance de la dimension dramatique.
Dans "La paire de chaussures" Justine éprouve une grande tendresse pour Dimitri et Lucie. Ce conte nous renvoie à l'angoisse de la séparation et à la peur de l'abandon. Ces deux là vont être soumis à de nombreuses épreuves pour un dénouement heureux.
Le récit s'ouvre sur une belle histoire d'amour: deux chaussures s'aiment et ne souhaitent rien d'autre que de rester l'une contre l'autre dans leur boîte en carton. Très vite l'affaire se gâte:
"Mais un jour une vendeuse les sortit de leur boite afin de les essayer à une dame".
En aparté le clown se glisse dans le récit "si il n'y avait pas de "mais" il n'y aurait pas d'histoire"! ...
Et alors comment devenir grand? Les chaussures sont obligées de se confronter à la réalité. Peut-on y échapper? De leur monde clos et douillet - tel l'enfant dans le ventre de sa mère - elles sont expulsées et jetées en proie au monde extérieur. Doit-on vivre dans sa bulle pour ne pas prendre le risque d'affronter les dangers de la vie? A la première séparation s'ajoute une seconde: la dame qui les achète les garde aux pieds et marche toute une journée. Ne pouvant se voir, Dimitri et Lucie se sentent abandonnés par l'autre, l'être aimé. Le soir seulement ils se retrouvent dans un placard obscur et commencent à reprendre espoir. Les mésaventures se succèdent.
Avec "Le marchand de fessées" nous passons du monde visuel et poétique du premier conte à un récit plus dense parfois tendu, au plaisir du mot, au langage des mains et à l'insolence du clown.
Dans la grande tradition de la comédie clownesque nous avons affaire au dupeur dupé. Tel est pris qui croyait prendre. Le marchand finira bien puni!
Justine connaît très bien cette histoire et devient spectateur de son propre spectacle. Elle se prend au jeu de nous faire une conférence sur les fessées. Elle apparaît dans cet exercice excessive, persuasive, posant des sentences. Ponctuellement le clown vient se glisser dans le récit: apartés, clins d'oeil, débordements et envolées. Justine s'amuse à être tantôt l'auguste, tantôt le clown blanc. Le clown se découvre plus impertinent et malicieux.